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AXE 1. Ville et dynamiques urbaines : de la topographie historique aux organisations politiques et sociales

Fidèle à la tradition des laboratoires dont il est l’héritier, le CeTHiS continue à s’intéresser à l’histoire urbaine et rassemble dans cet axe des perspectives variées en histoire urbaine qui prolongent les recherches antérieures portées par les deux sous équipes du précédent contrat et s’inscrivent dans l’axe « Ville et études urbaines » de la MSH VdL.

  • Thème 1 – Dynamiques urbaines et limites

L’expérience du programme ASTU (Analyse de la Structuration des Territoires Urbains) du précédent contrat, porté par les Antiquisants, touchait les questions de limites urbaines et d’espaces périurbains. Elle est reconduite en étant élargie aux autres périodes, à travers quatre directions : la poursuite des travaux sur le périurbain antique et contemporain ; la restructuration territoriale au début de l’Empire romain de l’oppidum et station routière d’Ambrussum (Labex ARCHIMEDE de Montpellier) ; la représentation de l’espace littéraire de Rome ; les espaces périphériques consacrés aux monuments de spectacle en Afrique romaine ; l’analyse de la conception des marges symboliques et réelles de l’Antiquité à l’époque contemporaine.

  • Thème 2 – Repères spatiaux

Deux programmes antérieurs seront repris et élargis à toutes les périodes. Les villes peuvent être interprétées en termes de principes organisateurs dont les politiques d’aménagement cherchent à accentuer la visibilité et l’identité par un marquage visuel. « Se perdre en ville », commun aux deux équipes, sera complété. Le phénomène qui mobilise surtout des approches géographiques est susceptible d’une acception large et historique mettant en lumière d’autres paramètres (non-reconnaissance, déracinement, flânerie, ou au contraire, fixation, normalisation et quadrillage urbain). « Voisinage/voisiner », intéressant surtout l’équipe des modernistes et des contemporanéistes et associant d’autres disciplines (géographie, sociologie, urbanisme anthropologie), va désormais s’ouvrir aux périodes précédentes, en particulier avec la poursuite de rencontres semestrielles s’articulant autour de questions de partage de l’espace urbain et d’esprit de quartier.

  • Thème 3 – Inscriptions spatiales des populations

Lieu de perte des repères ou de reconstruction de ceux-ci, d’anonymat ou de reconnaissance, de quadrillage et de codification, l’espace urbain, toute époque confondue, se prête à une approche diachronique qui prend en compte les pratiques de mobilité anciennes et nouvelles, les politiques de stabilisation des populations et en particulier des catégories plus facilement identifiables que d’autres, comme les élites. L’analyse des identités socio-culturelles concerne toutes les périodes, qu’il s’agisse de statut, de réseaux, de structuration politique, de mise en scène des groupes sociaux comme des lieux.

AXE 2. Dans l’atelier de l’histoire : écritures et relectures des objets historiques

Le deuxième axe se place dans une perspective réflexive et non plus thématique : il s’agit de réfléchir à la manière dont est produite la description des événements, des œuvres et des acteurs de l’histoire, pour élaborer les discours historiques.

  • Thème 1 – Représentations économiques et politiques

Les recherches, s’appuyant sur l’axe « Monnaie et finance » de la MSH, seront centrées sur deux contextes historiques : la monnaie grecque comme système de représentation (Image de Lysimaque Gazophylax au prisme de la monnaie ; Conceptions de la petite monnaie dans les sources antiques) ; la représentation de la dette à travers les relations financières (aide au développement et endettement) entre l’UE et les pays du sud à l’époque contemporaine.

  • Thème 2 : Écriture du passé et mythes modernes

Mythes modernes – L’analyse portera soit sur des sites historiques soit sur des processus socio-culturels passés spatialement ancrés : la cité grecque à travers la figure du philosophe dans les romans policiers ; Pompéi, sous le regard des voyageurs, des savants, des archéologues et des touristes du XVIIIe siècle à nos jours ; les nécropoles et les cimetières de l’Antiquité à l’époque contemporaine – lieux potentiellement menacés de disparition à l’heure de la transition cinéraire et donc, plus que jamais, lieux d’histoire ; lieux d’exposition et Antiquité grecque (Expositions universelles) / étrusque (Musées de facsimilés de peinture étrusque).

Écritures du passé et récits de guerre – Écrire l’histoire des hommes en guerre est un processus complexe, en raison de la matière même à mettre en récit. Les différents genres utilisés pour le faire seront étudiés en tenant compte des circonstances et des stratégies d’énonciation, de l’Antiquité au second conflit mondial. Cette première démarche doit permettre de mieux saisir la valeur des informations et des normes de comportement que les récits de guerre transmettent. Leur réappropriation à des fins pratiques, réflexives, mémorielles constituera une seconde démarche, menée grâce à un dialogue poussé entre historiens, historiens de l’art, de la littérature et du droit.

  • Thème 3 – Objets sociaux et culturels : genre, éducation, langues

L’enquête portera sur des faits sociaux et culturels majeurs, à travers des choix d’objets encore peu étudiés. Ainsi, l’éducation populaire, faiblement institutionnalisée, donne lieu à chaque génération à une réinvention de sa généalogie –souvent mythifiée– mais également à une redéfinition de ses méthodes et de ses outils, dont on se propose de dresser une anthologie, sous la forme d’un dictionnaire depuis la fin du XIXe s. Autre champ, celui des langues, objet peu étudié par l’histoire sociale et culturelle alors que leur utilisation peut être qualifiée de fait social de première importance pour les sociétés du passé et du présent, majoritairement plurilingues. En croisant pratiques langagières et discours sur les langues, on peut envisager d’appréhender des imaginaires linguistiques dans leur dimension historique, en tenant compte des aspects sociaux, politiques et genrés. Cette thématique permet d’associer différentes disciplines et toutes les périodes historiques.

AXE 3 – Corpus et méthodes

Les thématiques abordées dans les axes 2 et 3 font dialoguer les travaux individuels et collectifs des membres du laboratoire, qui se fondent sur des sources de nature variée. Qu’il s’agisse d’œuvres littéraires, de textes juridiques, de documents épigraphiques ou iconographiques, de monnaies, de vestiges archéologiques ou de documents d’archives, ces sources soulèvent toutes des questions méthodologiques qui peuvent nourrir, au sein de l’axe 3, une réflexion commune et comparative. Cette réflexion prendra la forme d’un atelier tourné vers la formation à la recherche pour les étudiants de Master et de doctorat, qui seront encouragés à intervenir pour présenter leurs travaux. La confrontation des solutions intellectuelles et techniques mises en œuvre dans le cadre de projets particuliers aura ainsi pour objectif de donner aux étudiants une formation poussée à la méthodologie de la recherche, mais aussi de susciter une réflexion épistémologique sur l’objet « sources », par-delà et à travers ses multiples manifestations.

  • Édition de sources et constitution de corpus

Plusieurs membres du laboratoire sont engagés dans des entreprises de constitution de corpus ou de publication de sources. Confronter les problèmes de méthode rencontrés, ainsi que les choix opérés pour un corpus précis, permettra de revenir sur la manière dont les sources sont produites et de réfléchir plus largement aux critères de sélection et de classement des documents, aux questions de l’exhaustivité et/ou de l’exemplarité, au cas particulier de la traduction et de ses difficultés. Au-delà de l’édition des sources, la réflexion s’étendra aux problèmes posés par la constitution d’un corpus documentaire en lien avec une problématique de recherche.

  • Méthodes de traitement et d’interprétation des corpus documentaires

Le recours désormais généralisé aux bases de données soulève des problèmes de méthode qui invitent à une réflexion commune sur ces outils, en particulier sur l’exploitation quantitative et l’analyse statistique des données, et sur leur possible articulation avec un traitement qualitatif de la documentation. Se pose ainsi, plus largement, la question de la valeur de l’exemple et de l’exception pour l’historien. Plusieurs projets développés par des membres du laboratoire permettent d’évoquer les problèmes techniques et épistémologiques posés, d’une part, par l’interopérabilité des données et, d’autre part, par le recours à la reconstitution virtuelle et la modélisation. Les approches plus traditionnelles ne seront pas pour autant écartées, notamment sur la nécessité de croiser différents types de sources ; sur les différences de traitement entre écrits du for privé et documents publics, sur les principes de typologie et de catégorisation (des textes, des images, des objets, des personnes, etc.), qu’il s’agira de déconstruire pour mieux en saisir toutes les implications.